Après un samedi très agréable à l’hôpital en compagnie d’amis, je découvre une nouvelle douleur, la barre épigastrique.
Une fois tous mes visiteurs rentrés chez eux, je me repose avec mon mari dans ma chambre, mais vers 19h la douleur devient presque insupportable.
Nous appelons les infirmières, mais c’est l’heure de la rotation du personnel alors elles mettent un peu de temps à venir. La douleur s’intensifie encore, la sage femme arrive et décide de me descendre aux urgences, je suis placée en salle de naissance. Je pleure de douleur et de peur. Mon mari me tient la main et me rassure mais je suis paniquée. L’anesthésiste me dit qu’elle va tout faire pour ne pas que j’accouche. Ils me perfusent et s’activent autour de moi. J’ai tellement mal que je ne suis plus rien de ce qu’il se passe.
La gynécologue de garde arrive, c’est elle qui m’avait accueillie lorsque j’ai été transférée. Je l’aime bien, ça me rassure. Quelques minutes plus tard, on m’annonce qu’ils vont faire sortir le bébé. Je vais avoir une césarienne sous anesthésie générale. J’acquiesce. De toute façon, je n’ai pas le choix.
Tout va très très vite et je me laisse totalement porter. L’anesthésiste me pose la sonde urinaire, elle fait vite et me fait extrêmement mal (j’aurais mal plus de 3 mois après mon accouchement…). Cette douleur a l’avantage de me distraire de ma douleur au ventre. En 2 minutes, je suis sur un brancard, je vais en salle d’opération après un dernier bisou à mon mari.
En sortant, je croise le regard de l’interne qui venait me poser le monitoring tous les matins. Son regard est un mélange de compassion et de panique. Je me souviendrai toujours de ce regard. Je me suis alors demandée si j’allais mourir…
Une fois en salle d’opération, plusieurs personnes s’activent encore autour de moi, tout va si vite que j’ai l’impression de regarder un film en accéléré. La gynécologue me dessine sur le ventre et quelques minutes plus tard, on m’endort. Trou noir.
Je me réveille 2/3 heurs plus tard, il fait nuit, je ne distingue pas grand chose autour de moi. Je suis sous morphine. Quand l’infirmière me voit réveillé, elle vient me faire un prise de sang et m’explique le fonctionnement de la pompe à morphine.


Je ne peux pas te raconter en détails ce qu’il s’est passé ce soir là parce que tout est extrêmement flou dans ma tête, j’étais complètement shootée. Je sais que mon mari est passée me voir une ou deux fois. Mais il était surtout avec la Petite. Il me raconte comment elle va et me montre des photos mais j’ai du mal à rester concentrée pour l’écouter et je ne ressens rien envoyant les photos. Je suis juste extrêmement fatiguée. La nuit ne se passe pas très bien, je n’arrive pas à dormir, je suis tellement droguée que je suis nauséeuse. Il y a énormément d’allées et venues dans la pièce, ma voisine ronfle, et je ne sais pas dormir sur le dos.
Le lendemain matin, mon mari vient me voir en arrivant à l’hôpital. Nous choisissons les prénoms de notre fille. Au final, le choix s’est fait très vite alors que nous n’étions pas tombés d’accord avant l’accouchement. Il va pouvoir la déclarer.
Il me parle de notre fille et m’explique plein de choses sur le service de réanimation néonatale où elle se trouve mais je ne retiens rien. Mon cerveau est déconnecté.
La journée passe… Puis encore une nuit. Les malades vont et viennent mais moi je suis toujours là.
On ne parle pas, je ne vois pas de médecins, je comate dans mon lit et c’est tout. Je demande à l’infirmière de me nettoyer un peu. J’imagine que je perds du sang, puisque j’ai accouchée et que j’ai une énorme protection dans la culotte. L’infirmière n’en a pas du tout envie, elle soupire mais me met une nouvelle protection quand même. A nouveau, elle me charcute les pieds et les chevilles pour me faire encore des prises de sang.
Le lendemain matin, j’ai retrouvé mes esprits. Je me sens très très faible, mais mon cerveau fonctionne à nouveau. Je suis extrêmement fatiguée. Cette pièce où je suis depuis 36h est très bruyante et même si je somnole, je ne dors pas vraiment. Je sens aussi que je suis en hypoglycémie, je n’ai plus de perfusion à part la morphine et je n’ai évidement pas mangé depuis un bout de temps. Un nouvel infirmier est là, je lui demande à manger et je lui dis que je veux remonter en chambre. Je lui explique que j’ai besoin de calme et de dormir. Il me dit qu’il va essayer de trouver quelque chose mais que dans cette salle il n’y a pas à manger et pour sortir il faut voir le médecin. Sauf que je n’en ai pas vu depuis que je suis ici, c’était le week-end mais quand même…
Je me sens mal, j’essaie d’appeler mon mari mais évidemment à 6h du matin, il dort. Les heures passent… C’est uniquement après avoir fait un malaise que l’infirmier me trouve un morceau de pain, du beurre et un yaourt. Ce n’est pas suffisant mais je retrouve un peu de force. J’arrive à y voir clair, je vois enfin chaque détail de cette pièce où je suis depuis mon accouchement. Il y a énormément de monde, des chirurgiens , des infirmiers, des anesthésistes, etc…
Je t’épargne les détails mais je suis en train de devenir complètement folle, le manque de sommeil et le bruit peuvent vraiment rendre fou, je l’ai compris ce jour là.
J’appelle sans cesse l’infirmier qui commence à me trouver chiante. Il m’isole avec des rideaux et fait venir une infirmière de neonat avec un tire lait pour « m’occuper », c’est la dernière chose que j’ai envie de faire mais elle me tient un peu compagnie. Elle me parle de ma fille, cette petite personne que je ne connais pas. C’est horrible mais je m’en fiche, je veux juste sortir d’ici à tout prix et dormir. L’infirmière repart et me laisse avec le tire lait. Je suis à nouveau seule, dans ce bruit infernal et cachée derrière mes rideaux. J’harcèle mon mari au téléphone pour qu’il vienne au plus vite.
L’infirmier arrive avec un médecin. Ce dernier m’explique qu’il me garde ici à cause d’une anomalie dans mes prises de sang… Laquelle ? Je ne le saurais jamais… Je lui demande pourquoi ils ne peuvent pas me surveiller en chambre alors qu’ici tout le monde m’ignore ? Pas de réponses non plus.
Il repart et on me laisse encore poireauter là. Je somnole donc encore jusqu’à l’arrivée de mon mari. Je cogite, j’ai des pensées horribles, ça va vraiment mal mais je n’ai pas d’autres choix que d’attendre.
Quand enfin, mon mari arrive à coté de moi. Je lui explique la situation. Il demande des explications à l’infirmier, étonnamment celui ci n’a pas du tout la même attitude, ni le même discours. 30 minutes plus tard, on me remontera dans ma chambre. Je suis sidérée mais trop épuisée pour faire un scandale.
Une fois dans ma chambre, je mange un peu puis je mets des boules quies pour enfin dormir dans le calme. Je dors toute l’après midi pendant que mon mari est avec la Petite.
J’irais rencontrer ma fille en fin de journée, quand je me sentirai suffisamment en forme.