Nous voici arrivés dans le nouvel hôpital où notre poulette va finir son parcours en néonatalogie. Malheureusement, l’arrivée ici ne se passe tout à fait comme nous l’avions imaginé.

La Petite est reçue par une infirmière du service. Elle l’installe dans une couveuse, alors qu’elle était en berceau chauffant à Port Royal. Je ne le vis pas très bien, j’ai l’impression qu’ils vont la faire régresser dans ses progrès… De plus, sa couveuse est installée dans une grande chambre à 5 places, juste devant la porte du couloir. Les bébés sont séparés par des rideaux et l’espace pour les parents est très exigu. Il y a juste un petit tiroir pour ranger ses affaires. Nous pouvons dire adieu au confort mais surtout à nos moments d’intimité en famille où nous écoutions de la musique et lisions des histoires à voix haute.

Crédits photo : photo personnelle

Et le plus problématique pour moi : impossible de ramener mon tire lait, je dois utiliser ceux fournis par l’hôpital. Même si ce sont des tire-laits de qualité, il ne me conviennent pas vraiment… Mais, je t’en parlerais plus tard, dans un article dédié à mon allaitement.

Je suis vraiment très mal à l’aise dans cette chambre, j’ai l’impression que ma fille n’y sera pas bien entre les bébés qui pleurent juste à coté, le bruit du couloir, l’infirmière qui est très froide… J’ai la sensation que personne ne va prendre soin de nous ici, même si je suis sûre que médicalement parlant, ils seront très bien.
Nous avions peut être pris de mauvaises habitudes à être chouchouter comme nous l’étions à Port Royal…

Heureusement, peu de temps après, le pédiatre de service passe voir la Petite pour un bilan d’arrivée avec les internes. Il est très sympathique et rassurant. Je l’adore déjà !
Il nous reçoit ensuite dans un bureau à part pour nous expliquer le fonctionnement du service, qui sur le papier fonctionne exactement comme Port Royal.
Nous restons jusqu’au soir, afin de rencontrer l’infirmière qui s’occupera de la Petite cette nuit. Quand elle arrive, nous sommes soulagés, elle a l’air bien plus douce que celle de jour. Elle est très gentille et rassurante avec nous. Vois-tu, depuis mon retour à la maison, nous avions pris l’habitude d’appeler la néonat à minuit avant de nous coucher pour avoir un petit compte rendu des derniers soins. L’infirmière de St Joseph nous invite à garder cette habitude et à appeler autant que nécessaire afin que nous soyons le plus sereins possible. Cela nous rassure beaucoup et nous finissons, non sans mal, à rentrer à la maison ce soir là…

Le lendemain, mon mari prend sa journée pour que nous soyons ensemble auprès de notre fille. Puis les jours passent, et nous reprenons notre petite routine. Nous n’avons plus de tableau dans la chambre où nous pouvions échanger avec les infirmières sur les progrès de la Petite, alors nous prenons l’habitude de chaque jour consulter sa « prescription » (faite par le pédiatre du jour) afin de connaître son poids, les changements sur son alimentation (la quantité de lait augmente avec son poids), ses médicaments ou compléments, etc…

Petit à petit, nous reprenons nos petites habitudes. Nous avons de la chance, l’infirmière qui avait accueillie la Petite est en vacances. Au fil des jours, nous rencontrons les autres infirmières du service qui sont toutes aussi adorables les unes que les autres. Au bout de quelques jours, la Petite a 4 infirmières fixes qui tournent selon les jours et les moments de la journée pour s’occuper d’elle, comme c’était le cas à Port Royal. Nous aimons cette stabilité, elles connaissent bien notre fille et ses habitudes. Nous apprenons également à les connaître et inversement. Nous nous sentons vraiment en confiance.

Crédits photo : photo personnelle

Nous devenons de plus en plus autonomes avec notre fille, nous lui donnons le bain seuls lorsque nous jugeons que le moment est opportun, nous faisons tous les soins seuls, etc…

Nous retentons également plusieurs fois les mises au sein, et la Petite se débrouille de mieux en mieux. Le jour de ses 1 mois, elle fait sa première vraie tétée, elle a bu 5ml ! Cela ne parait rien, mais c’est un progrès énorme !

Quand je ne suis pas là, les infirmières lui donne maintenant mon lait à la paille ou à la seringue. Elle complète ensuite par la sonde gastrique.

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Nous refusons d’introduire le biberon pour l’instant afin de ne pas gêner son apprentissage de la tétée au sein. Mais, encore une fois, je rentrerais dans les détails sur ce point dans mon article sur mon allaitement.

Quelques jours après son arrivée, la Petite a un nouveau voisin de chambre, qui vient lui aussi de Port Royal. Nous faisons connaissance avec ses parents. Le lendemain, nous avons la chance de changer de chambre ensemble pour une chambre double bien plus confortable que la grande chambre de 5 lits. Nous partagerons la fin de notre séjour avec eux.

Une fois, dans la chambre double, tout va mieux. Les débuts difficile à St Joseph sont totalement oubliés. A part, une petite conjonctivite et une otite, la Petite n’a aucun problème médicaux particulier et continue à faire des progrès de jour en jour. Elle passe tout naturellement en berceau classique au bout de quelques jours. Même plus besoin de matelas chauffant !

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Elle progresse moins vite en ce qui concerne la tétée. Elle boit peu à chaque mise au sein et nous sommes toujours obligé de la compléter par sa sonde. Je commence à vraiment trouver le temps long. J’aimerais tant ramener mon bébé à la maison et il n’y a plus que l’alimentation qui coince… J’ai envie d’introduire des biberons mais mon mari s’y oppose. Il faut dire qu’elle n’est qu’à 35 semaines, c’est normal qu’elle n’y arrive pas encore seule. Quand il n’est pas là, j’en parle beaucoup avec les infirmières de la Petite, surtout avec une dont je me suis rapprochée. Elles savent toutes que chaque tétée est source d’angoisse pour moi, que chaque pesée post mise au sein est décevante. Même lorsque j’ai l’impression que la Petite a fait une super tétée, elle n’a parfois bu que 10ml… Mais elles me soutiennent et je tiens bon ! Je revois la conseillère en lactation aussi qui m’aide à voir le positif. Je tiendrais jusqu’à ce qu’un matin, en arrivant à l’hôpital, j’apprends que mon lait est contaminé par le staphylocoque doré. Ce même staphylocoque qui avait donné sa conjonctivite et son otite à la Petite.
Mon lait est donc soit directement donné à ma fille, soit il finira à la poubelle car il ne le conserveront plus au frigo. Ce qui signifie que cette nuit, elle aura du lait artificiel et chaque nuit jusqu’à son retour à la maison car clairement on ne se débarrassera pas du staphylocoque avant le retour à la maison, même si le médecin de garde me prescrit un traitement.

C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, tant d’effort pour que la Petite se retrouve à boire du lait artificiel… Je suis désespérée. Mais l’introduction du lait artificiel signifie aussi introduction du biberon !
La Petite se débrouille comme une chef avec les biberons, elle tête bien et les termine presque tous sans avoir besoin d’être complété par la sonde gastrique. Je ramène alors plusieurs biberons de la marque que nous aurons à la maison pour qu’elle s’habitue tout de suite à la bonne tétine et en à peine 2 jours son infirmière lui retire sa sonde.

Crédits photo : photo personnelle

Plus rien n’empêche un retour à la maison ! Enfin !

Encore 2 ou 3 jours de surveillance, de derniers examens et de paperasse, puis nous rentrerons tous ensemble, le dimanche 28 mai, après 7 semaines et un jour d’hospitalisation…

Une véritable deuxième naissance !

Ce fut long, ce fut dur, ce fut une des pires expériences de ma vie mais au final ce fut le plus beau des cadeaux du monde. A nous la vie de famille !

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