Me voila de retour pour te raconter mon allaitement, même si je t’en ai déjà parlé un peu dans mes derniers articles, je vais aujourd’hui entrer un peu plus dans les détails.
Ce fut un allaitement un peu particulier puisque ma fille est née à 30sa et elle était bien loin de savoir téter. Il a donc fallu lancer mon allaitement grâce à un tire lait. Tire lait qui ne m’a au final pas quitté durant toute la durée de mon allaitement, même lorsque ma fille prenait au sein, soit pendant 5 mois.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je vais te parler de l’alimentation du bébé prématuré, car on ne l’imagine pas forcément mais selon son terme, le bébé ne sera pas nourri de la même manière.

Ma fille est donc née à 30 semaines, à ce terme les bébés n’ont pas la capacité de se nourrir seul. Ils ne savent pas téter. Et encore moins téter pour se nourrir. En effet, ce n’est pas téter comme sur une tétine, se nourrir nécessite de savoir téter tout en respirant ET en déglutissant. Cela paraît bête mais c’est tout un apprentissage et c’est très fatiguant pour un si petit bébé.

Avant de savoir se nourrir, les bébés prématurés sont nourris grâce à une sonde gastrique, qui passe soit par le nez soit par la bouche et conduit le lait directement dans l’estomac. Jusqu’à 34 semaines, notre fille a reçu du lait maternel pasteurisé. Au tout début, du lait de donneuse issus du lactarium puis dès que j’en ai eu suffisamment, le mien. Après 34 semaines, elle a pu avoir le lait cru. C’est d’ailleurs à ce stade que le lait artificiel (spécial prématuré)est introduit si la maman ne souhaite pas ou ne peut pas allaiter.

J’en profite pour remercier les femmes qui ont fait les dons de lait qui ont permis de nourrir notre fille jusqu’à ce que je prenne le relais. Si tu es enceinte et que tu souhaites allaiter, ou que tu allaites en ce moment même, je t’invite à te renseigner sur le don de lait dans le lactarium le plus proche de chez toi, les prématurés ont besoin de toi !

Bref, revenons à mon allaitement.

Mon accouchement n’a pas été une parti de plaisir, je te l’ai raconté ici. J’ai accouché un samedi soir à 19h, ma première rencontre avec un tire lait a eu lieu le lundi matin. Le tire lait de la maternité : un Kittett hyper lourd, vieillot et un peu défectueux. Bien évidemment rien n’est sorti à part une gouttelette de colostrum. Par la suite, je me mettais sur le tire lait le plus souvent possible mais c’était franchement une torture donc ce n’était pas très fréquent.

Le mercredi matin, je recevais dans ma chambre d’hôpital mon tire lait de compétition, commandé par mon mari : le Mamivac sensitive. J’ai revue en parallèle la conseillère en lactation de la neonat pour qu’elle me réexplique tout le processus. C’est là que tout a vraiment pu commencer.

A partir de ce moment-là, je me suis mise à tirer toutes les 3h, même la nuit. Il fallait que je rattrape mon retard et que je puisse avoir ma montée de lait afin de pouvoir nourrir ma fille.

Entre la fatigue lié à la pré-eclampsie, à mon hospitalisation, à la césarienne et à la neonat j’étais épuisée mais j’ai tenu le coup et 2 jours après j’ai eu ma montée de lait !


Crédit photo : photo personnelle
J’ai une salle tronche mais j’étais fière !

J’ai commencé à être à l’aise avec le tire lait une fois de retour chez moi. Il n’y avait plus d’infirmiers qui entre dans la chambre pile au moment où je me met en place, un fauteuil confortable pour m’installer devant mon tire-lait, etc… Je commençais à avoir l’habitude, j’ai enfin pu oser le double pompage.

Une routine se met alors en place entre mes horaires de tirages, nos départs pour l’hôpital, nos séances de peau à peau avec la Petite etc… Je tire toutes les 3h le jour et toutes les 4h la nuit.

Chaque jour, je ramène le lait tiré dans la nuit à l’hôpital ainsi que mon tire lait pour pouvoir tirer mon lait dans la chambre de la Petite. Ce rythme paye vite puisque les quantités que je tire augmentent très vite mais je garde mon rythme de tirage toutes les 3h jusqu’à 3 semaines après l’accouchement comme on me l’a conseillé. J’espace ensuite un peu plus le tirage de nuit à 6h en conservant le tirage de 2h du matin qui correspond au pic de prolactine.
>Ma fille buvant très peu de lait, le plus gros de ce que je ramène à l’hôpital part au lactarium.

Le jour de ses 1 mois, la Petite fait sa première vraie tétée au sein. C’est le début d’un long combat !
A partir de maintenant, avant chaque repas, si la Petite est bien réveillée, je lui proposerais le sein. Elle sera pesée avant et après pour que nous sachions combien elle a bu et pouvoir la compléter en conséquence via sa sonde gastrique. Au tout début, c’était excitant, la découverte des tétées, les progrès de la Petite, etc… Mais rapidement, les progrès ont stagné… Les jours passent et la Petite ne boit toujours que 5 à 10ml et cela à même pas à chaque tétée… Parfois elle fait miraculeusement une tétée de 20 ou 30 ml mais cela ne se reproduit pas avant quelques jours.

Quand je n’étais pas là, elle était nourri à la seringue ou à la paille si elle était réveillé. La nuit parfois, les infirmières la laissaient dormir et lui mettait le lait par la sonde dans son sommeil.

Photo personnelle : allaitement à la seringue

La suite, je t’en ai parlé dans mon dernier article, des jours et des jours d’appréhension avant chaque mise au sein, énormément de déception, des envies de tout envoyer balader et de filer un biberon à la Petite pour que ça aille plus vite !
J’étais obsédée à l’idée de ramener mon bébé à la maison, et l’allaitement à ce moment là je m’en contre fichais, mais mon mari y tenait énormément et m’a poussé à continuer jusqu’à au moins 36 semaines sans biberon.

C’est à ce moment là que le staphylocoque doré est venu semer la zizanie et nous avons donc donner des biberons à la Petite, je te l’ai raconté ici.


Crédit photo : photo personnelle

Je n’avais pas tord, en quelques jours la sonde gastrique disparaissait et le retour à la maison était annoncé.

Une fois à la maison, nous avons décidé de garder un biberon par jour de lait maternel pour que la Petite ne perde pas l’habitude et que le papa se lève la nuit de temps en temps. La Petite prenait du poids comme il le fallait, tout allait parfaitement bien. Je continuais de tirer mon lait environ 3 fois par jour car j’étais en hyper lactation. J’avais tellement stimuler au tire lait pendant la période néonat que je produisais trop. J’avais tellement enchaîné les engorgements ultra douloureux que j’ai préféré garder quelques tirages par jours pour limiter les dégâts… De plus, cela me permettait de donner un petit peu plus de biberons à la Petite lors de nos sorties ou de pouvoir l’épaissir pour soulager ses régurgitations. En bonus, je pouvais continuer à donner du lait au lactarium.

Pour être franche, je n’ai jamais aimé allaiter. Est ce que ce fut à cause des circonstances, du tire lait, des crevasses et  engorgements à répétition, je ne sais pas… Mais même une fois à la maison avec un allaitement bien plus traditionnel, je n’ai jamais éprouvé un plaisir particulier lors d’une tétée.


Crédit photo : photo personnelle

Tout ça a continué jusqu’à ce que je reprenne le travail. Je savais que je ne pourrais pas tirer mon lait au travail ou alors uniquement au tire lait manuel dans les toilettes et je n’étais pas assez motivée pour le faire.

Une dernière galère s’est mise en travers de notre chemin avant l’arrêt de l’allaitement, le choix du lait artificiel. La Petite détestait tout simplement le lait artificiel. Le premier choisi n’est jamais passé. Le second a fini par être accepté après 3 semaines de mélange avec du lait maternel, d’abord 30ml puis 60ml puis 90ml, etc.

De manière générale, l’alimentation de la Petite fut source de stress et de nombreuses batailles jusqu’à ses 10 mois environ. Le passage au lait de croissance a résolu une bonne partie de nos soucis, le reste à suivi petit à petit.

Aujourd’hui encore notre fille mange très peu et donc grossi très peu mais maintenant je m’en fiche car mon médecin s’en fiche aussi donc on lâche prise ! S’il y a bien une chose que j’ai apprise avec ma fille, c’est qu’il est impossible de forcer un enfant à avaler quoi que ce soit.

Ma fille est certes un tout petit gabarit mais elle est en pleine forme et c’est bien ça le plus important !

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