Deux jours après mon accouchement, il est temps d’aller rencontrer ma fille !

Mon mari vient me chercher dans ma chambre avec un fauteuil roulant, nous arrivons en néonat et passons par l’accueil où mon mari me présente. Il y a des casiers pour chaque parent afin d’y laisser nos affaires. Nous passons ensuite dans une pièce où nous nous lavons les mains avec minutie, puis nous nous rendons dans la section où se trouve notre fille. Elle est dans une chambre particulière en réanimation néonatale.

Crédit photo: photo personnelle

Je découvre la couveuse, et mon minuscule bébé à l’intérieur, elle est née à 38cm et 1.195kg. Elle a perdu du poids, comme tous les bébés après la naissance mais n’est pas repassé en dessous des 1kg. Il y a un grand tableau avec son prénom, sa taille, son poids, le prénom des infirmières etc… Elle est pesée à 9h et à 18h.

Crédit photo: photo personnelle

Je regarde tout autour de moi, mon mari et l’infirmière m’explique énormément de choses mais j’ai du mal à tout assimiler.

Je prends enfin le temps d’observer mon bébé, je la trouve si petite, elle est très foncée et un peu rouge et a plein de duvet sur le corps. Elle dort. Mon mari m’explique que sa peau est si fragile qu’il ne faut pas la caresser, juste poser la main sur elle pour qu’elle sente notre présence. Je me badigeonne de gel hydroalcoolique et je me lance. Je sens son petit corps chaud sous ma main, son cœur qui bat très vite, je suis émue puis je ressens une énorme bouffée de culpabilité. Mon bébé est dans cette couveuse à cause de moi. Elle souffre, à cause de moi.
Je ne ressens pas d’amour, pas encore. Je l’observe, j’analyse chaque partie de son corps, je ne la trouve pas belle. Je me sens encore plus mal de ressentir ça. Je pleure discrètement…

Crédit photo: photo personnelle

Mon mari et l’infirmière discutent, je n’entends pas ce qu’ils disent. Je suis jalouse que mon mari connaisse déjà les infirmières qui s’occupe de notre fille, qu’il ait déjà changé plusieurs couches, qu’il sache déjà quel capteur sert à quoi, de quelle manière elle est nourrie et les différents soins qui lui sont apportés…
L’infirmière m’explique que nous ferons du peau à peau demain, quand je serais plus en forme. C’est toujours la maman qui commence ici, surtout dans une situation comme la notre. Plus tard, je me rendrais compte à quel point le fait de m’avoir attendu pour le peau à peau fut si important. Important, car il m’a permis de remonter la pente plus vite et de nouer un lien avec ma fille plus facilement.

Je me sens très fatiguée, physiquement et nerveusement alors nous ne restons pas très longtemps. L’infirmière me refait un petit laius sur l’allaitement mais demain je rencontrais la conseillère en lactation qui me fera un speech complet. En attendant, je continuerai de stimuler ma lactation avec l’horrible tire lait de la maternité.

Le lendemain matin, en arrivant à l’hôpital, mon mari passe me chercher dans ma chambre pour aller en neonat, deux étages plus bas. Je ne peux pas encore y aller seule, marcher est encore très douloureux, la cicatrice de la césarienne me brûle énormément.

Dans la chambre de la Petite, je prends mes marques petit à petit, les infirmières m’aident beaucoup à faire connaissance avec ma fille en participant aux soins : un brin de toilette, un changement de couche, etc… Ce sont des moments très importants afin de créer le lien. Aujourd’hui nous faisons le premier calin, ce n’est pas un vrai peau à peau car cela méritait un peu plus d’installation et ni ma fille ni moi n’étions assez en forme.

Elle a un cathéter qui la supplémente en lipide, glucide, fer, caféine, etc…  qui passe par le nombril. Il est extrêmement fragile, l’infirmière installe donc ma fille sur moi avec la plus grande précaution. Elle lui retire ses lunettes à oxygène car cette nuit, elle a très bien respiré seule. C’est l’occasion de mieux découvrir son visage.

Crédit photo: photo personnelle

Ce premier calin est un vrai bonheur, j’ai enfin l’impression que nous sommes une famille. Sentir mon bébé tout contre moi me remplit d’émotions et je ressens enfin de l’amour pour cette petite chose. J’analyse chaque partie de son corps, ce petit corps pas encore fini mais déjà si fort !

Le lendemain, c’est au tour de mon mari de découvrir cette sensation merveilleuse de pouvoir prendre notre bébé contre son corps. Sentir son petit cœur battre la chamade contre le sien. Sentir le rythme de sa respiration sous sa main. Sentir sa petite main serrer son doigt si fort…

Crédit photo: photo personnelle

Mon mari fut absolument parfait durant cette épreuve qu’à été mon accouchement, je ne le remercierai jamais assez pour ça. Il fut d’un soutien sans faille quand mon moral ne suivait pas. Il fut le père idéal pour notre fille, présent, volontaire, câlins, … Il fut aussi le gendre idéal, rassurant mes parents inquiets. En quelques jours, il m’a prouvé mille fois que j’avais vraiment bien fait de l’épouser…

6 jours après mon accouchement, il est temps pour moi de rentrer à la maison. Je sais que ce n’est pas le cas de toutes les mamans de grands prématurés mais pour moi, ce fut un choix. Je n’en pouvais plus d’être à l’hôpital, seule, et en même temps constamment dérangée et au final pas beaucoup plus proche de ma fille..

Nous établissons alors, sans nous en rendre compte, une petite routine journalière… Après une demi heure de route (en moyenne, paris oblige), nous arrivons à l’hôpital chaque jour à 11h30 pour participer aux soins de 12h et prendre notre fille en câlins à tour de rôle pour 3h jusqu’aux prochains soins et repas. Je tire mon lait dès que possible, entre les câlins. Nous rentrons à la maison après les soins de 21h. Nous mangeons (vite et mal) puis nous dormons. Je met mon réveil à 2h et 6h du matin pour tirer mon lait. Ensuite, nous nous préparons, je tire une dernière fois mon lait, juste avant de partir à l’hôpital, et ainsi de suite… (D’ailleurs, je te parlerais de mon allaitement plus en détail dans un article dédié, très bientôt.)

Chaque jour, notre fille nous étonne par ses progrès. Nous avons eu l’immense chance que globalement tout se passe bien et surtout nous n’avons jamais vécu de retour en arrière concernant sa santé. Elle grossissait chaque jour un petit peu plus. Elle a très vite respirer seule, a rapidement gérer ses bradycardies sans avoir besoin de stimulation extérieure, n’a pas eu d’infection au niveau des cathéters, pas de soucis de digestion autre que des régurgitations assez facilement contrôlable, etc… Rapidement, elle sortie donc de réanimation pour passer en service de néonatalogie classique. Ce fut le début de la véritable autonomie pour nous et de progrès toujours plus fulgurant de la part de notre petit amour.

Je te reviens vite te raconter ça !

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